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Note d'intention du film Sabah
--> Note provisoire rédigée avant l'écriture du scénario
Un « documentaire-fiction » pour décrire le réel

Sabah est une fiction filmée à la manière d’un documentaire, tant au niveau esthétique (caméra à l’épaule, tournage en vidéo) que celui du mode narratif : interviews, commentaires journalistiques off, travail d’enquête : c’est une histoire racontée « après-coup » par ceux qui l’ont vécue. Tout doit paraître vrai. Seuls les encarts au début et à la fin du film nous préviennent que, selon la formule consacrée, « les personnages et les lieux de cette histoire sont totalement imaginaires. Toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé que ne serait que pure coïncidence ».
D ’où l’appellation « documentaire-fiction ».


Le sujet

Le film met en scène les origines et les conséquences d’un fait divers (fictif) survenu dans un quartier « sensible » (Le quartier Lamartia) d’une ville –imaginaire (Villetigny-sur-Seine) et représentative- de la banlieue parisienne : Medhi, un adolescent de 17 ans, « s’amuse » à lancer des pierres sur un véhicule de pompiers sans savoir que celui ci porte secours à sa propre sœur, Sabah, victime d’un grave accident de voiture causé par des jeunes roulant à une vitesse excessive et dont la vie dépend de l’arrivée rapide des pompiers…

Un an après les faits, Thierry Guffin, un journaliste réalise un documentaire sur le sujet en réunissant l’interview des différents protagonistes, des documents d’archives. Retraçant les mois qui ont précédé les faits, il brosse à travers le portrait de Sabah et de son frère Mehdi, l’histoire de Malices, l’association culturelle du quartier Lamartia dont Sabah était la fondatrice, et qui a été avant tout une formidable aventure humaine.


L’histoire

Le film commence par l’ouverture du journal télévisé 19/20 de France 3 dont le premier titre est l’émotion suscitée dans la ville de Villetigny par ce fait divers dramatique et qui prend une dimension médiatique nationale pour deux raisons :
-l’implication du frère de la victime dans le retard des secours
- la personnalité de Sabah, fondatrice de l’association Malices dont l’exemplarité des actions socioculturelles a été par le passé souvent médiatisée.

Jeune comédienne débutante –d’origine maghrébine-, on commençait à la voir tourner dans des films et des téléfilms dans des rôles autres que l’inévitable cliché de la « beurette de cité ».
Et puis surtout, Sabah avait mis à profit ses contacts, sa notoriété, son charisme et son incroyable énergie pour développer une association très dynamique qu’elle avait créée depuis plusieurs années dans le quartier de son enfance.

Cette association a réussi à regrouper de nombreux jeunes habitants du quartier pour élaborer des outils imaginatifs de diffusion des valeurs de base qui fondent « le vivre ensemble », et tout particulièrement à destination des plus jeunes. Le cheval de bataille de l’association est l’expression du public sous toutes ses formes. L’expression artistique (théâtre, hip-hop), et plus particulièrement l’image vidéo sous forme fictionnelle, mais aussi en tant qu’expression directe des habitants à travers des reportages, des témoignages etc.

Tous les deux mois, l’association organise un rendez-vous de projection des reportages et des fictions filmés par les habitants avec l’aide d’artistes et de techniciens bénévoles. Ces projections sont toujours suivies de débats puis d’une grande fête. Peu à peu, ces rendez-vous deviennent très populaires et permettent de dynamiser le lien social dans le quartier.

Pour la première fois, grâce à la capacité de cette association de mobiliser les énergies, on parle du quartier pour ses aspects positifs plutôt que pour sa poignée de voyous fauteurs de troubles. Un des premiers objectifs de l’association dont Sabah est la présidente a été de donner la parole à cette majorité silencieuse de jeunes qui ne s’expriment jamais parce qu’on ne les sollicitent pas et qui pourtant ont un immense besoin d’écoute.

Un autre travail de l’association fut par exemple de pacifier les relations entre jeunes et policiers, et d’une manière générale de réinstaurer un dialogue de confiance entre jeunes et adultes. Les établissements scolaires font appel à l’association pour participer à faire passer les valeurs qui fondent la citoyenneté.

En parallèle, à travers l’histoire de son jeune frère Medhi, le film s’attache à comprendre comment au sein d’un même famille, un frère et une sœur peuvent avoir des chemins si différents à travers le destin de cette jeune femme de 27 ans qui réussit tout ce qu’elle entreprend et qui s’est affranchie de toutes les contraintes sociales pour les transformer en atouts ; et son frère qui s’est enfermé malgré lui dans le cercle vicieux de l’échec scolaire, de la petite délinquance, et commettre un geste absurde dont il va payer dans sa chair le lourd tribut des conséquences.

Il ne s’agit pas de dresser le tableau exhaustif des origines sociologiques des difficultés des quartiers sensibles, mais de les illustrer de manière sensible, intime, à travers les personnages de Sabah et de Medhi , sans les juger, mais en explicitant le discours qui sous-tend leurs actions respectives, puisque la pensée précède toujours l’acte. L’écriture scénaristique veillera à rendre cette approche aussi peu manichéenne que possible, tout comme l’ensemble du film s’attachera à ne jamais stigmatiser une population ni une tranche d’âge. Le lien social entre communautés sera particulièrement valorisé.

Il s’agit de rendre compréhensible des jeunes, qui les vivent souvent de manière inconscientes, les mécanismes qui peuvent conduire à une impasse : le sentiment de ne pas avoir sa place dans la société, le sentiment de colère légitime que chacun peut ressentir devant l’injustice sociale, et de mettre en scène ce qui poussent certains à se dépasser en canalisant positivement leur colère, et d’autres à utiliser la violence. En cela le film se veut une sorte de « mode d’emploi » adressé aux jeunes pour transformer leurs frustrations en énergie positive et les mettre en garde contre l’absurdité de la violence tout en écoutant leur message de révolte.

Les personnages principaux
Le personnage de Sabah est le modèle pour lequel on est forcement en admiration : jolie fille, intelligente, entreprenante, elle a réussi socialement, et elle se bat pour les autres. Sa mort en fait un personnage quasi-mythique.

Le personnage de Medhi est celui auquel de nombreux jeunes pourront s’identifier. C’est d’ailleurs ses interviews qui sont le fil conducteur de notre récit, c’est lui qui se raconte. Le portrait est tout en nuance : Medhi n’est pas un « méchant », ni un « barbare », le terme générique de « racaille » dont on l’affuble trop vite, il l’endosse juste parce que c’est plus pratique pour exister, parce qu’il a l’impression que c’est le seul rôle qu’on semble attendre de lui. Il ne sait pas « où il en est »
Medhi n’est pas un délinquant, juste à un carrefour de sa vie où il doit faire un choix, et où il fait un soir le mauvais. Mais après le choc que provoque la mort de sa sœur, qui se soucie de ce pauvre Medhi présenté dans les médias comme le cliché parfait de la « racaille » piégée à son propre jeu ? Au fil de son témoignage, on découvre que le parcours de Medhi est surtout le fruit d’injustices sociales, de discriminations, de vexations subies par le jeune homme ; mais c’est aussi aussi le fruit d’une mentalité qui se développe dans son quartier et qui présente toute réussite sociale comme impossible en dehors des chemins de la « magouille ».

C’est tout cela qui nous est raconté « après-coup », jusqu’à ce soir fatal où Sabah est fauchée par une voiture et où l’on assiste à l’insupportable attente de ces secours qui ne viennent pas. Les médias s’emparent de l’affaire et leurs commentaires caricaturent à l’extrême une histoire dont nous avons été témoins de la complexité.


Une fin positive

On ne s’attend évidemment pas à la surprise du final que le personnage de Medhi nous offre dans les dernières minutes du film : et si tout cette histoire n’avait pas existé, si tout cela était sorti de son imagination ? Et si ce film, ce documentaire, avait été tourné par les jeunes de l’association montée par Sabah ? Plus surprenant encore :
Et si Sabah n’avait jamais existé, qu’elle n’était qu’un personnage inventé par Medhi et ses amis au cours d’atelier d’écriture en milieu scolaire ? Tout ce que l’on vient de voir est fiction. Mais n’y a t-il pas dans la réalité tout autant de drames et de violence que l’on pourrait éviter que d’histoires positives jamais racontées, ignorées ?

Quoi qu’il en soit, cette deuxième fin est optimiste, comme pour mettre en lumière que tout n’est pas forcément écrit en négatif, qu’on peut avoir le choix de ses actes et que ceux-ci ne sont jamais sans conséquences. Et que la solidarité est plus que jamais nécessaire dans les quartiers. C’est à faire prendre conscience de cela que ce film peut servir, mais aussi à susciter chez les jeunes l’envie de créer des dynamiques positives dans les quartiers, d’utiliser l’école comme une chance de se donner les outils intellectuels de leur réussite, de se sentir des acteurs à part entière et respectés comme tels de la société. Et aussi de conscientiser les adultes à la nécessité urgente d’apprendre à écouter la jeunesse, aussi bien dans ses souffrances que dans sa créativité.
Ecrit par , à 01:42 dans la rubrique "Le projet Sabah".

Commentaires :

  Anonyme
03-12-05
à 12:10

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  Anonyme
24-02-07
à 12:38

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