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Carole Nouchi, assistante-réalisatrice raconte le tournage de Sabah
--> Assistante, mais aussi cadreuse, casting, conseillère au scénario et remonteuse de moral
Un an déjà et oui il y a un an jour pour jour nous avions, Farid Lozes et moi Carole Nouchi pratiquement terminé le tournage de Sabah. Mon rôle sur ce film, de façon officielle : assistante-réalisatrice, j’expliquerais plus tard en quoi cela consistait.

De façon officieuse, un peu tout, puisque nous n’étions que deux à occuper tous les postes. Ce qui signifie être avec Farid derrière la caméra, s’occuper du casting, dirigé quand nous filmions à deux, bref tout ce qui sur un tournage classique représente un nombre important de techniciens.

Mais passons cela. Ce que j’aimerai partager ici, c’est l’aventure que nous avons vécu, les difficultés, les rires, les découragements, les surprises, les émotions la satisfaction et l’incroyable motivation qui peut nous animer quand on a la sensation de relever un défis.

Septembre 2004, nous étions au festival de Deauville, je me souviens des premières discussions autour du scénario entre deux séances de films. Farid me parle de l’histoire de cette jeune fille Sabah, présidente d’association, de cette ville et ce quartier fictif. Il faudra que l’on tourne une fausse émeute qui soit réaliste, une manif, un concert… Ok pas de problème, on va le faire. Des discussions longues et nécessaires quand on se lance dans la préparation d’un tournage, on parle, on échange nos points de vue sur les personnages, le fond du sujet, (délicat de parler des violences urbaines sans stigmatiser), la mise en scène.

De retour à Paris, il faut se lancer et Farid doit commencer à écrire pour qu’en tant qu’assistante-réalisatrice, je puisse commencer la préparation du tournage. Le nombre de comédiens, de figurants, d’éléments, de lieux de tournage qu’il va falloir caster et trouver, les autorisations nécessaires pour pouvoir tourner, faire le plan de travail (en d’autres termes décider du planning du tournage en tenant compte de la disponibilité des comédiens, des décors, etc.). Et pour cela il faut un scénario.

Je ne sais plus le nombre de version sur lequel nous avons travaillé. Pendant un bon mois, échange de mails et relecture, Farid est minutieux, chaque mots comptent. Ne pas être manichéen, ne pas tomber dans les clichés mais Farid tenait à montrer la complexité du « problème » des cités et surtout ne pas sombrer dans le nihilisme ambiant du constat social mais aussi délivrer un message d’espoir.

Nous sommes en octobre, le premier hic, (je vous passe la bataille qu’il faut aussi mener pour obtenir les financements nécessaires et surtout tenir le budget), donc le premier hic, le scénario fait 65 pages d’intenses dialogues pour un (la durée souhaitée au départ), 50 mn. Nous sommes trop longs (65 pages c’est en moyenne un film de plus d’une heure), il faut faire des choix, réduire. Oui mais, nous sommes déjà en retard par rapport aux dates de début de tournage et le casting n’a pas commencé.

Le casting ! Le film s’appelle Sabah, derrière ce personnage se cache une quinzaine de rôles importants. Et toute la difficulté pour les comédiens sera d’interpréter un personnage, sans avoir l’air de jouer puisque nous faisons un faux documentaire, que nous allons tourner sur le mode du reportage. En faire le moins possible, rester naturel, imaginer un comédien à qui on demande de jouer, sans jouer, d’apprendre son dialogue pour mieux l’oublier et le retranscrire à sa manière.
Par où commencer ? Les agences de casting, l’ANPE spectacle, les relations et notre hantise, trouver Sabah. Nous avions déjà, trouvée Ariane, l’amie de Sabah dans le film, comédienne professionnelle, une amie de longue date. Elle m’a tellement scotché aux premiers essais caméra, qu’il fallait vraiment que la comédienne pour jouer Sabah ait beaucoup de talent. Sans oublier qu’elles s’entendent bien, étant donné que dans le film, elles sont amies, complices.

Je vous passe les un mois et demi de casting, rencontre dans les cafés parisiens, journée entière de va et vient en voiture pour ma part de la gare sur le lieu de casting (la Maison de Banlieue d’Athis-Mons, QG du film - merci au passage à François Petit) pendant que Farid filme les essais de chacun pour que l’on puisse visionner cela ensemble le soir.

Toujours pas de Sabah, ni son frère à quelques jours du 10 jours du tournage. Farid angoisse, je le comprends mais mon rôle c’est aussi parfois d’y croire pour deux, pour ne pas se décourager.
Et puis miracle, un matin Farid me dit on va auditionner une jeune femme dont Zahra Hindi (jeune et prometteuse chanteuse qui joue dans le film et qui nous a beaucoup aidé pour le casting) avait entendu beaucoup de bien : Ysmahane Yaqini.

C’est simple, on lui donne un passage du scénario. Sur 20 lignes, elle joue 20 mn, tellement elle a déjà intégré, compris le personnage et le sens des mots de Farid. Je vous jure se sont des instants inoubliables, qui vous rendent euphoriques, Sabah est là, en plus Ysmahane est une personne humainement magnifique. Après cela, on peut déplacer des montagnes. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, première rencontre avec Ariane, je me souviens au bout de deux minutes, le temps du trajet, elles papotent comme si elles se connaissaient depuis des années. C’est cela faire un film, il faut aussi croire un peu à la chance.

Le casting se termine à peine quelques jours avant le début du tournage. Le tournage de la première grande scène, le concert sur la péniche. Là je flippe un peu, faire venir une centaine de personne à Paris, un dimanche, tous les comédiens qui ne se connaissent pas encore, pour jouer un vrai concert intégré à la fiction. Farid et Christian Tramoni (qui signe la musique du film), et avec l’aide précieuse de Guillaume Ati, s’occupent de mettre en place le concert (une quinzaine d’artistes, trouver le lieu, s’occuper de la bouffe etc). Moi je m’occupe des figurants, des heures de présence des comédiens, des scènes à jouer ce jour là (15 jours de préparation pour une scène comme celle là) Il faut bien sur nourrir tout le monde le midi, on est là pour la journée. On tourne à deux caméras, big journée. Inoubliable. Tout le monde forme vraiment un groupe, on y croit à cette fausse association. Les scènes défilent. Je me souviens d’une scène où Chems (incroyable sens de l’improvisation), un des comédiens doit prendre la tête à Sabah, des personnes de la figuration ont cru que l’embrouille était vraie ! Génial !

Les scènes dans la boite, le concert doit commencer, là problème, la personne qui s’occupe de la balance n’est pas là, on prend une heure et demie de retard. Mais tout se passe tellement bien ensuite que même cela, on oublie. Fin de journée tout le monde est content et la pression retombe un peu.

Je pourrai vous racontez pendant des heures, des lignes et des lignes, ce qu’a été ce tournage. En plus j’ai une très bonne mémoire. Mais, je vais me laisser plutôt guider par les moments les plus forts, l’émeute bien entendu. Heureusement, nous avons un immédiatement un excellent contact avec le responsable de la communication du SDIS Essonne (Les pompiers), le Lieutenant Alain Ricci.

Il nous propose leur école d’entraînement pour tourner la scène

Préparation des effets spéciaux maquillages (merci à Olivier Raoux et toute son équipe) pour la blessure de Sabah, les comédiens, on s’inquiète du froid qu’il risque de faire, on tourne dehors, de nuit, à 3 caméras. Cette fois ci, les voitures, les costumes des faux policiers et leurs armes. Et diriger une fois encore 100 personnes environ à deux, en comptant les élèves des pompiers qui nous servent de faux émeutiers.
Je vais remonter quelques semaines plutôt. Car qui dit effets spéciaux, dit essais. C’est vraiment mon boulot d’assistante de m’occuper de cela. On a bien rigolé ce jour là. Montreuil, dix heures du mat, on arrive avec deux pantalons qui doivent servir le jour du tournage pour répéter la fausse blessure de Sabah. Les amis des effets spéciaux assurent, tuyaux, sang, blessure au visage tout y passe.

Puis le jour J, il pleut des trombes. Le flip, Farid et moi on est stressé, impossible de tourner comme prévu, sous les angles prévu s’il pleut comme cela. Et quand je vous disais qu’il faut croire en ses compétences, en son travail et aussi à la chance, j’ai raison. Cinq minutes avant le moteur la pluie cesse. Quelle soirée, je n’oublierai jamais l’adrénaline, et l’émotion de tourner une telle scène, de se dire on y est, on l’a pensée, rêvée, et on la tourne.

Je vais jouer à je me souviens. Je me souviens de la première charge des émeutiers et ma caméra qui vole, de Sabah étendue sur le sol froid, la pauvre pendant des plombs, de l’émotion des visages des comédiens au moment de la mort de Sabah, même pour nous, difficile quand on est derrière la caméra, du sérieux au moment du moteur et des rires dés le « coupez », de nos échanges avec Farid sur les scènes à tourner qui fait que l’on se dit que même à deux on forme une sacrée équipe. De la joie quand on dit c’est terminé, fin de tournage, en à peine 3 heures, tel que c’était prévu. Des applaudissements et des jeunes qui plaisantent avec les (vrais) pompiers et les (vrais) policiers.

Voilà c’est tout cela un tournage de film. Il y a eu aussi la dernière grande scène, la manif mais là curieusement, je n’avais pas de crainte après l’émeute, ni de véritable appréhension, ni pour l’organiser, ni pour la tourner, juste une grande tristesse parce que c’était le dernier jour de tournage, de certains comédiens et que je déteste les fins de tournage. Bien sur il y a eu, même avec Farid, des moments de tension entre nous, de doute dus à la fatigue sans doute mais, tellement de rire et de folies partagés que franchement on oublie. Un tournage c’est un condensé de la vie

Juste un dernier mot sur les mois qui ont suivi, il a fallu retourner, recréer certaines choses, recommencer nos discussions concernant le montage, ça aussi se sont des moments forts, voir les premières scènes sur un écran, entendre les premières musiques. Puis enfin monter le film. Ce que je garde de tout cela, une expérience inoubliable où j’ai beaucoup appris, sur moi-même, sur mon métier, sur les relations humaines, sur le fait qu’un film c’est beaucoup de feeling, de communication, d’énergie à transmettre pour que tout le monde croit en vous et à votre projet. C’est une bataille, des concessions, des renoncements et au final de la fierté, beaucoup d’émotions quand les premières images défilent sur un écran, devant un public. Je recommencerais sans hésiter et ça c’est pour bientôt.

Carole Nouchi
Réalisatrice
Ecrit par Carole, à 19:01 dans la rubrique "Le projet Sabah".

Commentaires :

  zangro
30-04-06
à 11:03

enattendantdemain.com

Carole, nous avons trouvé ton texte très touchant.

Nous t'invitons à voir nos  réalisations sur des films de cité, réalisés avec les moyens du bord dans nos quartiers.

Encore bravo pour ton film.

Il nous pousse vraiment a continuer.

Le collectif En attendant demain.


  zangro
30-04-06
à 11:07

www.enattendantdemain.com

 Au fait on aimerait bien vous mettre en lien pour que nos visiteurs puisse vous voir!




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